DROIT AU COEUR

Fabienne Roy-Nansion, 53 ans, est apparue dans les JT en décembre 2013. Cette pénaliste venait alors de se porter volontaire pour défendre Fabienne Kabou, la mère de la petite Adélaïde, 15 mois, retrouvée noyée sur la plage de Berk. Sur les marches du palais de justice, micros et caméras ont vu monter au front une femme en tailleur-pantalon sombre, ongles vernis en noir, coupe courte sur cheveux gris et maquillage impeccable. Sa plaidoirie avait marqué les esprits. Les projecteurs et les scandales judiciaires, Fabienne Roy-Nansion connaît, depuis longtemps. Il y a 10 ans, elle fut l'une des « avocats d'Outreau », chargée d'assister David Delplanque, le voisin des Delay, qui avait lui aussi avoué avoir abusé des enfants. Mais ces grandes affaires sont loin du feu qui l'anime au quotidien. Cette figure du barreau de Boulogne-sur-Mer est à l'image de ses amis Franck Berton et Éric Dupont-Moretti, pénalistes-stars forgés dans ce Nord, terreau d'un quart-monde dont on parle si peu. Depuis son bureau monacal, au pied du palais de justice de Boulogne-sur-Mer, l'avocate spécialisée dans le droit de la famille entre dans l'intimité des foyers. Lit les comptes rendus d'huissiers qui débarquent à l'aube dans des taudis où l'on n'a même plus l'idée de jeter les ordures. Où les enfants s'entassent sur un canapé crasseux pour dormir. Ses conversations avec ses clients se mâtinent souvent de patois. La petite fille des terrils, descendante d'immigrés hongrois, comprend mieux que personne ces « noyés », comme elle les appelle.