Longtemps considérés pour les « maximes » ou « pensées » qu'ils recelaient, les carnets d'écrivains ont le plus souvent été lus comme des avant-textes, comme autant de brouillons des oeuvres à venir. Analysant un bel ensemble de carnets, que ce soit ceux d'auteurs précurseurs – Marc Aurèle, Sei Shônagon, Montaigne et Joubert – ou plus contemporains – Julien Gracq, Henri Thomas, Henry Bauchau, Aimé Césaire, Peter Handke, André Major et Jean- Pierre Issenhuth –, les articles composant ce dossier déplacent les cadres habituels de lecture et invitent à reconsidérer la conception que nous nous faisons de la littérature même. Le lecteur découvrira le carnet pour lui-même, une œuvre à part entière qui a trouvé dans cette forme sa juste tonalité, aussi bien que son statut particulier : celui non pas du livre ou de l’œuvre, mais de l’écriture en cours.